mercredi 29 octobre 2014

Contribution du Secrétaire Général de la RADDHO sur les Migrations lors du Forum Social Africain à Dakar

Dès sa création, la RADDHO s’est dotée d’un « Département chargé de la promotion et de la protection des droits des demandeurs d’asile, migrant, réfufigiés et personnes déplacées». Au regard de l’expérience cumulée au cours de ses vingt quatre (24) d’existence, la RADDHO note avec acuité la montée vertigineuse des violations des droits humains des demandeurs d’asile,  migrants,  réfugiés et personnes déplacées en Afrique de manière générale, et dans les pays de l’Afrique de l’Ouest en particulier.
Ces violations se manifestent par la discrimination, la xénophobie, la stigmatisation et les violences basées sur le genre, les rafles et les attaques physiques, les traitements cruels,  inhumains ou dégradants, les meurtres, les abus sexuels, les trafics, les détentions arbitraires, les conditions inhumaines de détention, les expulsions collectives et les expulsions forcées, les refoulements en cascade, les violations du droit à un jugement en bonne et due forme et du droit à un procès équitable.
Compte tenu de l’ampleur et de la récurrence des cas de violations des droits humains  observées sur l’ensemble du continent africain, la RADDHO a organisé une série d’activités au niveau tant national, sous-régional que régional visant à promouvoir et protéger les droits de ces groupes vulnérables  conformément aux dispositions de la Chartre Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples,  en se fondant notamment sur :
  • le principe de la non-discrimination (Article 2) ; 
  • le droit au respect de la vie et à l’intégrité physique et morale de la personne (Article 4) ;  
  • l’interdiction de toute torture et de tout traitement cruel, inhumain ou dégradant (Article 5) ; 
  • l’interdiction de toute arrestation et détention arbitraire (Article 6) ;  
  • le droit à un procès équitable et le droit de saisir les autorités nationales compétentes (Article 7) ; 
  • le droit à la libre circulation (Article 12.1) ;  
  • le droit d’asile (Article. 13) ; 
  • le principe du respect de la légalité dans la procédure d’expulsion (Article 12.4); 
  • l’interdiction de l’expulsion collective des non-nationaux (Article 12.5).
Activités réalisées au niveau national et sous-régional
Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet « Développement local et migration légale comme alternative à l’immigration clandestine », financé en 2011 par l’Union européenne (10ème FED), la RADDHO a mené une série d’activités de renforcement des capacités des acteurs étatiques (administration, collectivités locales), des acteurs non étatiques (organisations de la société civile, notamment celles des femmes et de jeunes, des demandeurs d’asile, migrants et réfugiés), ainsi que des médias  publics et privés.

Privilégiant une approche pour une migration légale, la RADDHO a également commandité une étude qui a mis un accent particulier sur les flux migratoires à risque qui ont été notés à partir des années 1990 et qui ont atteint leur côte d’alerte vers les années 2005 et 2006, suite aux multiples changements intervenus dans l’évolution du contexte de la migration, marqué par une forte croissance démographique rapide, une pauvreté croissante et un potentiel humain et agricole sous valorisé.  Cette étude atteste qu’à l’instar de la plupart des pays ouest-africains, le Sénégal se particularise par la jeunesse de sa population dont les enfants âgés de zéro (0) à quatorze (14) ans représentent 46%, tandis que la population scolarisée continuera de croître jusqu’à l’horizon de 2050 et il en sera de même pour les jeunes entrant dans la vie active.

Au-delà de ces facteurs, il convient également de noter que sur le plan économique, le Sénégal à l’instar des pays limitrophes (Gambie, Mali, Mauritanie) se trouve confronté à de nombreuses difficultés découlant de sa situation de pays classé parmi les moins avancés (PMA). Du point de vue historique, le Sénégal et les pays limitrophes (Gambie, Mali, Mauritanie) sont situés dans la sous-région ouest-africaine qui a connu une longue histoire de flux migratoires,  liés à la transhumance (migrations écologiques), au commerce transsaharien et à la fuite de razzias suite à la traite des esclaves, qu’elle soit transatlantique ou transsaharienne. La circulation des personnes et des marchandises y était dense, les frontières fluides du fait de la construction nationale qui n’a débuté qu’à partir des années 1960 coïncidant ainsi avec l’avènement des indépendances.

A ces facteurs d’ordre structurel, s’ajoute un autre non négligeable lié au fossé existant entre les objectifs d’intégration africaine proclamés au niveau tant régional que sous-régional et les réalités sociopolitiques et économiques du continent. Ainsi, en dépit des efforts consentis, la question de l’intégration économique dans l’espace africain à travers la libre circulation des biens et des personnes, le droit de résidence et d’établissement devant favoriser le développement économique intracommunautaire et offrir des opportunités aux populations ouest-africaines semble encore loin de s’enraciner dans la réalité des faits, tant au niveau sous-régional que régional.

En dernier ressort, compte tenu de la complexité et du caractère multidimensionnel de la migration « clandestine » ou irrégulière (multiplicité des causes, complexité des itinéraires, diversité des acteurs impliqués, gravité des conséquences), il s’avère donc utile et nécessaire d’étudier ce phénomène sous l’angle des droits humains en général et de ceux des migrants en lui accordant toute l’attention qu’il mérite. Dans cette optique, un accent particulier a été mis sur l’analyse des flux migratoires à risque, en particulier sur le phénomène de la migration « clandestine » ou irrégulière, ses causes ou origines, ses conséquences dramatiques, ainsi que sur les différents acteurs intervenant dans ce domaine (y compris les migrants et leurs familles) et les futures actions à envisager pour apporter des solutions alternatives à ce drame humain.

Dans le cadre d’un Projet conjoint, initié par le Forum des Organisations de la Société civile de l’Africaine de l’Ouest  (FOSCAO), Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) et l’Association des  Barreaux de l’Afrique de l’Ouest (WABA) ont organisé le 29 mai 2009 un série d’activités commémorant le 30ème anniversaire du Protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens de 1979 au niveau des frontières du Sénégal avec la Gambie et la Mauritanie, du Bénin, Ghana et du Nigeria avec les pays voisins.

Au cours cet important événement, des activités de plaidoyer ont été réalisées auprès des autorités administratives et des collectivités locales pour la vulgarisation du Protocole de la CEDEAO ainsi que les modalités de sa mise en œuvre effective. Parallèlement, des campagnes d’information et de sensibilisation ont été réalisées en direction de la police, de la gendarmerie, de la douane, des eaux et forêts, des autorités coutumières et religieuses, des populations locales.

En dépit de l’existence d’un important arsenal juridique, les populations des pays de la sous-région ouest-africaine sont confrontées à de nombreux problèmes liés aux entraves à la libre circulation des personnes et des biens (contrôle des voyageurs et des marchandises), à l’absence de documents de voyages (carte d’identité, carnet de santé, par exemple). Pour y remédier, il s’avère nécessaire d’organiser des campagnes de sensibilisation en direction des populations pour le respect de la réglementation (se munir des documents de voyages requis), d’améliorer les conditions de travail des agents de sécurité avec du matériel didactique et  de créer des infrastructures routières adéquates.
La RADDHO demeure également convaincue de l’importance de la liberté de circulation telle qu’énoncée dans le Protocole sur la libre circulation des personnes et des biens de la CEDEAO, de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (Article 13), de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948, de la Convention internationale sur la Protection des Droits de tous les Travailleurs Migrants et des membres de leur Famille, adoptée par la résolution des Nations Unies 45/158 du 18 décembre 1990.
Activités réalisées au niveau régional (africain)
La RADDHO participe régulière aux travaux du Forum des ONG précédant les Sessions ordinaires de la CADHP qui se tiennent tous les six mois à Banjul en Gambie (Siège de la Commission) ou dans un pays africain demandeur. Elle apprécie à juste valeur le rôle joué par la CADHP, notamment en faveur du respect des dispositions énoncées dans la Charte Africaine des Droit de l’Homme et des Peuples qui dispose que la Commission Africaine devra coopérer avec d’autres Institutions nationales et internationales, ainsi qu’avec les Organisations de la Société civile pour la promotion et la protection des Droits de humains et des Peuples sur l’ensemble du continent.
La RADDHO considère que le mandat du Rapporteur Spécial sur les Réfugiés, les Demandeurs d’asile, les Migrants, et les Personnes déplacées exige un appui  constant de tous les partenaires, en particulier ceux de la société civile. C’est dans cette perspective que la RADDHO a participé, en décembre 2009 à Bamako au Mali, à la création d’un Réseau transnational, dénommé « Justice sans Frontières pour les Migrants (JSFM) », constitué des Organisations que sont : 
  • l’Association Malienne des Expulsés (AME), basée à Bamako (Mali) ; 
  • l’Association Mauritanienne des Droits de l'Homme (AMDH), basée à Nouakchott (Mauritanie) ; 
  • la Commission Espagnole d’Aide aux Réfugiés (Comisión Española de Ayuda al Refugiado - CEAR), basée à Madrid (Espagne) ; 
  • le Groupe Antiraciste d’Accompagnement et de Défense des Etrangers et Migrants (GADEM) ; basé à Rabat (Maroc) ;
  • l’Institut des Droits de l’Homme du Barreau de Nigéria (HRI NBA), basé à Abuja (Nigéria) ;
  • la Rencontre Africaine pour les Défense des Droits de l'Homme (RADDHO), basée à Dakar (Sénégal) ;
  • le Réseau pour la Migration Internationale (MRI), basé à New York (USA) ;
Les Organisations membres de JSFM ont contribué de manière significative aux travaux du Forum des ONG précédant la 51ème et la 52ème Sessions ordinaires de la CADHP, tenues respectivement en avril 2012 à Banjul en Gambie et en octobre 2012 à Yamoussokro en Côte d’Ivoire. Tirant les leçons de cette expérience, les Organisations membres de JSFM ont vivement manifesté leurs préoccupations par rapport : 
  • Au manque d’une stratégie adéquate pour répondre aux besoins des pays africains face à l’approche globale de la migration ; 
  • A l’externalisation de la protection des frontières des pays européens en Afrique ; 
  • A la signature de plus en plus récurrente des accords de réadmission et la conditionnalité de l’aide au développement aux exigences  des politiques migratoires européennes. L’article 13 de l’Accord EU/ACP, signé à Cotonou le 23 juin 2000, stipule : « Les parties tiennent compte, dans le cadre des stratégies de développement et de la programmation nationale et régionale, des contraintes structurelles liées aux phénomènes migratoires en vue d'appuyer le développement économique et social des régions d'origine des migrants et de réduire la pauvreté » ; 
  • L’absence d’un instrument juridique africain tel qu’une convention pour la protection des migrants au même titre que celles protégeant les réfugiés et les personnes déplacées ; 
  • L'incidence élevée de violences xénophobes qui met en péril les moyens de survie et violent les droits humains des réfugiés et des migrants ; 
  • Les problèmes simultanés auxquels les réfugiés et les migrants sont confrontés lorsqu’ils tentent d'exercer un recours auprès des autorités gouvernementales, d'accéder au service de santé public et au système éducatif ; 
  • La vulnérabilité croissante des femmes et des mineurs non accompagnés qui sont vulnérables à la traite et à toutes les formes d'exploitation ; 
  • Le silence des Etats africains sur la question des réfugiés et demandeurs d'asile ;
  •  Le durcissement des politiques migratoires en Afrique du Nord suite aux évènements de Ceuta et Melilla et leur persistance après les évènements du « Printemps Arabe » ; 
  • Le manque de coopération entre les différents acteurs au plan institutionnel aux niveaux tant national, régional que continental ; 
  • L’impunité persistante dans les Etats d’Afrique et ailleurs, lors des violations des droits des migrants africains.
Conséquences des flux migratoires à risque
L’expansion des flux migratoires à risque, notamment du phénomène de la migration « clandestins » au Sénégal et dans les trois pays limitrophes (Gambie, Mali, Mauritanie) vers l’Europe (Espagne, France, Italie) découle de cinq facteurs essentiels :
  • la dégradation de la situation socioéconomique du Sénégal : le chômage augmente, les revenus s’érodent et la pauvreté s’élargit. La situation devient insupportable pour des millions de jeunes qui ne peuvent pas se projeter vers l’avenir, faute de perspectives socioprofessionnelles ; 
  • l’entretien d’un « imaginaire migratoire » qui se nourrit de la dégradation de la situation socioéconomique. Le « rêve d’Europe » fait aussi vivre les pauvres d’Afrique. Comment éviter d’être charmé par toutes les images qui remplissent les télévisions du monde entier et qui présentent le visage de l’Occident opulent, démocratique et où tout est facile ; 
  • l’Europe a besoin objectivement d’une main d’œuvre bon marché et elle encourage implicitement l’immigration malgré la politique officielle qui durcit les conditions d’entrée. Les besoins de l’Espagne en main d’œuvre saisonnière pour l’agriculture semblent être très importants ; 
  • L’existence de puissants réseaux de passeurs  alliés avec certaines administrations et tolérés par les communautés. La corruption est un élément facilitant l’augmentation et la puissance des réseaux de passeurs ; 
  • Le rôle actif joué par les familles et les communautés qui encouragent et soutiennent explicitement ou implicitement les jeunes à se rendre en Espagne en utilisant la voie clandestine.
La migration « clandestine » ou irrégulière constitue un drame humain. Durant tout le processus (recrutement, voyage, arrestation, détention et rapatriement), les droits humains des migrants africains ne sont généralement pas respectés. Par ailleurs, la migration irrégulière a un effet dévastateur sur la société en dépeuplant certaines localités de sa main d’œuvre valide et en supprimant progressivement certaines activités artisanales (pêche par exemple). Tous les jeunes rapatriés d’Espagne dans des conditions difficiles et qui n’ont bénéficié d’aucun soutien psychologique et social sont potentiellement porteurs de révolte et de désordre, parce qu’ils demeurent toujours convaincus que l’émigration « clandestine » est l’unique solution pour soulager leur misère.

Le gouvernement, les associations et les communautés ont tenté d’apporter des réponses à ce phénomène par la mise en place de projets générateurs de revenus et par des campagnes d’information, de plaidoyer et de sensibilisation. Cependant, les acteurs communautaires interrogés reconnaissent eux-mêmes le manque de ressources pour la réussite de leurs initiatives et les projets du gouvernement ne sont pas encore totalement acceptés par l’ensemble des bénéficiaires potentiels. Ces différents éléments montrent qu’il s’avère urgent d’agir à différents niveaux pour atténuer les conséquences dramatiques du phénomène de la migration « clandestine ».

Très souvent, le discours sur la migration « clandestine » a incliné fortement vers des perspectives négatives, et cette situation a également influencé l’opinion publique envers les immigrants, ainsi que les politiques qui les concernent. Un processus de dialogue et de consultation menés par diverses parties prenantes (employeurs, syndicats, hautes personnalités, société civile, associations de migrants et médias) aux niveaux national et régional comme au niveau multilatéral (CEDEAO, Maghreb, Union européenne) devrait être institutionnalisé pour débattre des secteurs d’intérêts communs en matière de migration et résoudre les conflits d’agendas.

Conclusion et recommandations
Au regard de ce qui précède, les acteurs de la société civile et les partenaires sociaux doivent mener des campagnes de plaidoyer pour la ratification, la mise en œuvre et l’internalisation des traités internationaux et régionaux relatifs aux droits humains, puis s’efforcer de respecter les droits humains des migrants sur leurs territoires. Dans le même esprit, les pays de la CEDEAO et du Maghreb doivent réajuster leur législation nationale, notamment les lois qui ont un effet discriminatoire contre les étrangers sur le marché du travail, par rapport aux normes énoncées dans les conventions sous-régionales, régionales et internationales.

A cet effet, il s’avère nécessaire de rénover les organisations économiques sous-régionales (CEDEAO, Maghreb), afin de faciliter la mobilité du travail intra-régionale et interrégionale, conformément à la vision du Nouveau Partenariat pour le Développent économique de l’Afrique (NEPAD) et de la Communauté économique africaine (CEA), puis de substituer à la migration « clandestine » vers l’Europe des solutions alternatives viables. Dans cette optique, le développement des capacités des responsables de la gestion migratoire et de la formulation et de la mise en œuvre des politiques mérite une attention particulière.

En termes de recommandations, il s’avère utile et nécessaire de travailler en réseaux pour la mise en œuvre des cadres de régulation et des traités régionaux et internationaux relatifs aux droits des demandeurs d’asile, migrants et réfugiés. Pour ce faire, les différents acteurs étatiques et non étatiques doivent jouer pleinement leur rôle pour faire face aux nombreux problèmes relatifs aux droits des demandeurs d’asile, migrants et réfugiés tantôt évoqués.
Pour les associations des demandeurs d’asile, migrants et réfugiés, les organisations de la société civile et les communautés locales, il s’agira de:
  • S’investir davantage dans la connaissance du phénomène pour éclairer les initiatives et les actions ;
  • Vulgariser les instruments juridiques internationaux et régionaux relatifs aux droits humains, et en particulier ceux relatifs aux droits humains des migrants ; 
  • Multiplier les campagnes d’information, de plaidoyer et de sensibilisation au niveau national et local avec des supports et méthodes pertinentes afin d’aider davantage les jeunes chômeurs à s’organiser pour se prendre en charge ; 
  • S’inspirer d’initiatives réussies telles que les projets de développement pour l’appui aux migrants expulsés d’Europe et la réduction significative du nombre de potentiels migrants « clandestins ».
Pour les Etats des pays d’origine, il s’agira de : 
  • Améliorer les politiques de coopération bilatérale et multilatérale avec les pays d’accueil pour la sélection transparente et rigoureuse des candidats répondant au profil recherché, le renforcement de la formation continue pour familiariser les travailleurs migrants à leur environnement de travail et pour les sensibiliser sur leurs droits et leurs devoirs ; 
  • Assurer le respect des clauses contractuelles par les employeurs, la formation des agents de la migration aux techniques d’emploi et la participation active des institutions chargées des migrations telles que le Ministères des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’extérieur surtout au niveau du suivi, de la protection et du retour des  immigrés ; 
  • Promouvoir une politique de sensibilisation et de communication, de façon à obtenir le soutien de l’opinion, clé de réussite de la politique de coopération et de mise en place de projets et programmes de développement ; 
  • Améliorer les politiques de gouvernance pour combattre efficacement la corruption et lutter contre la pauvreté à travers des actions et initiatives soutenues par une politique efficiente de création d’emplois ; 
  • Prendre en charge les migrants rapatriés par un soutien économique, social et psychologique.
Pour les Partenaires techniques et financiers, il s’agira de : 
  • Documenter davantage le phénomène de la migration clandestine par des études et recherches ;
  • Partager les résultats de la recherche avec la société civile et le gouvernement pour renforcer leur capacité de prise en charge de ce phénomène ;
  • Encourager la société civile à s’impliquer davantage dans la prise en charge de ce phénomène. Pour ce faire, augmenter son appui technique et financier ;
  • Financer ou produire des supports audiovisuels pour en faire des outils de sensibilisation des populations sur les dangers de la migration clandestine.
Pour les Etats des pays d’accueil ou de destination, il s’agira de :
  • Explorer les voies menant à une migration régulière temporaire et à un moyen de réduire le choix de la migration irrégulière qui est celui de jeunes africains réduits au désespoir, et toutes les conséquences et les coûts du maintien de l’ordre face à la migration irrégulière. Dans le même esprit, les causes fondamentales de la migration doivent être traitées en profondeur grâce à des programmes de développement ciblés à la source, et à la suppression des subventions et des taxes douanières élevées en Europe, qui appauvrissent de nombreux travailleurs agricoles en Afrique et les transforment en dernier recours en migrants irréguliers ;
  • Promouvoir des stratégies de développement visant à l’atténuation de la pauvreté en ciblant les couches les plus pauvres et en s’orientant vers la création d’emplois, afin de canaliser les énergies des jeunes vers des activités productives ;
  • Veiller à l’harmonisation de la dimension de la main d’œuvre actuelle à la croissance projetée dans les pays de la CEDEAO, tout en compensant le tassement annoncé dans les pays moteurs du Maghreb. A cet effet, les partenaires sociaux et autres parties prenantes devraient monter des initiatives de promotion concertées pour mettre en lumière les aspects positifs de la migration légale pour les économies et les sociétés d’origine et de destination, ainsi que pour les migrants eux-mêmes.
Parallèlement, la RADDHO recommande aux Etats membres de l’Union Africaine l’adoption de : 
  • Une Convention sur les droits des migrants au même titre que celles sur les personnes déplacées et les refugiées en Afrique ;
  • Une Stratégie adéquate au niveau continentale pour répondre aux besoins des pays africains face à l’approche globale de la migration ;
  • Une Approche concertée et intégrée des Etats africains, refusant  les politiques migratoires européennes notamment la clause de réadmission qui devient de plus en plus récurrente dans les accords de coopération économique tel l’accord UE/ACP ;
  • Un Processus d'examen global avant d'accepter ou d'entreprendre la cessation des clauses sur le statut de réfugié.
La RADDHO invite aussi à : 
  • L’Honorable Madame le Commissaire, Rapporteur Spécial sur les Réfugiés, les Demandeurs d’Asile, les Migrants, et les Personnes Déplacées à effectuer des visites régulières dans les Etats parties pour s’enquérir de la situation réelle des droits des migrants sur le terrain ;
  • Tous les Etats membres de l’Union Africaine à ratifier  et mettre en œuvre les instruments  juridiques régionaux et internationaux pour la protection des droits humains, notamment ceux relatifs à la protection des personnes déplacées et à la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille ;
  • Les Etats parties et la Commission Africaine à entreprendre des activités et des réformes visant à faciliter les recours juridiques pour améliorer l’accès à la justice des victimes et acteurs de la société civile au niveau national et régional ;
  • Tous les Etats membres de l’Union Africaine à ratifier la Convention de Kampala sur les personnes déplacées en Afrique.

vendredi 10 octobre 2014

Exposé écrit présenté par la RADDHO

Le Secrétaire général des Nations Unies a reçu l’exposé écrit par le Représentant de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme au Siège des Nations Unies à Genève sur la fièvre Ebola. Cet exposé a fait l'objet d'une large diffusion conformément à la résolution 1996/31 du Conseil économique et social.

Dans cet exposé Monsieur Ibrahima GUISSE demande à ce que la Communauté Internationale accroît l’aide humanitaire internationale et la solidarité envers les pays d’Afrique de l’ouest touchés par l’épidémie d’Ebola pour atténuer son impact socio-économique sur les populations civiles. Lire document en PDF

Sénégal : la diaspora rapatrie 690 milliards de f CFA chaque année .

La diaspora sénégalaise rapatrie chaque année 690 milliards de f CFA à la mère patrie, le Sénégal. Le Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (Faise) assure que ce chiffre concerne seulement les envois par «circuits formels».

L’administrateur du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (FaiseE), Sory Kaba, a déclaré dans une interview accordée à un organe de presse que si le Sénégal «optimise les 690 milliards envoyés par an par les Sénégalais de l’extérieur», le pays n’aura pas besoin de s’endetter pour financer son développement. Et d’ajouter que dans le cas échéant le Sénégal «n’a pas besoin de s’appuyer directement sur l’aide au développement ou de la coopération internationale pour son développement».

Ces sommes d’argent sont constituées seulement «des envois qui passent par les circuits d’envoi formels». «La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) estime les sommes qui passent par les circuits informels à peu près au même montant que celles qui passent par les circuits formels. Ce qui fait pratiquement plus que le budget du Sénégal», souligne Sory Kaba.

Toutefois, l’administrateur du Faise déplore que l’argent envoyé par les Sénégalais de la diaspora ne serve pas à grand-chose, à part entretenir la famille.

Dans des régions du Sénégal à fort taux d’émigration comme le nord, les émigrés participent à la construction d’infrastructures sociales, scolaires et sanitaires. Source : les Afriques

Transferts de migrants en Afrique: le Sénégal parmi les plus dépendants

Le Sénégal dans le lot des pays d’Afrique dépendants fortement des transferts de migrants. Ceux-ci représentent en effet 10,7% du Produit intérieur brut (PIB), d’après le dernier rapport de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, publié le 6 octobre, portant sur "les envois de fonds officiellement comptabilisés" en 2013. Lire la suite...

jeudi 9 octobre 2014

Les mariages précoces privent les filles d'éducation

Selon un rapport de Plan Internationale 39 000 filles de moins de 18 ans sont mariées chaque jour soit 1 fille toutes les 3 secondes…

C'est 1 fille toutes les 3 secondes qui n’a pas le droit de choisir son mari:1 fille toutes les 3 secondes qui se retrouve coupée de sa famille… 1 fille toutes les 3 secondes qui peut se retrouver confrontée à la violence… 1 fille toutes les 3 secondes qui risque une grossesse précoce… 1 fille toutes les 3 secondes qui se retrouve réduite à l’analphabétisme et à la pauvreté. Lire le document

Le drame des mariages forcés

L’histoire est pathétique! Cela pourrait même vous faire craquer les âmes sensibles. Quand cette jeune fille vous narre sa mésaventure, elle ne peut s’empêcher de refouler d’un geste machinal de la main de chaudes larmes. Avec un regard détourné de la mine crispée, cette fille qui rêvait un avenir radieux se trouve déchantée et se trouve, aujourd’hui, parmi les victimes du drame des mariages forcés.
«J’étais marié de force par un marabout très connu sans mon consentement et j’ai vécu la galère durant une longue période » nous confie cette fille avec une voix rempli de désespoirs. Durant le mariage, elle a reçu des brimades et des humiliations au sein de sa famille conjugale.«J’étais devenue une étrangère dans la maison avec mon mari dont la seule réponse, face à mes préoccupation, était de me maltraiter. Un jour, il m’était arrivé l’idée de me suicider et n’eût était l’intervention d’une amie, le pire allait se produire, car j’avais décidé d’avaler des doses de médicaments», révèle la victime du mariage forcé avec ce marabout très connu pour des cas similaires et qui ont coûté autant de drames à des familles. Pourtant, elle pensait, un moment,  voir le bout du tunnel juste après la mort de son mari qui l’a longtemps humiliée et déshonorée. Le cauchemar ne faisait que commencer, car elle continuait à recevoir des foudres de sa belle famille qui la taxait de femme "hantée" et de diablesse
Aujourd’hui, une autre victime nous livre son calvaire : J’avais fait une fausse couche à cause d’un kyste  à l’ovaire. Après l’intervention chirurgicale, le docteur m’avait donnée trois mois de repos. Ma belle famille avait choisi ce moment  pour me taxer de femme maudite en me diabolisant toute le temps. Elle avait alors décidé de quittant le foyer conjugal après le décès du mari, mais, elle continue toujours à vivre ce traumatisme dans une misère totale après avoir supporté toutes ses souffrances. Aujourd’hui, elle se dit prête à refaire sa vie car, dit-elle, seule sa force pourra l’aider à vivre un bonheur longtemps rêvé : «Je suis prête à recommencer ma  vie et vivre en toute harmonie, même si c’est difficile pour moi seule de relever ce défi ». En poursuivant son argumentaire, la jeune nous livre sa volonté de rester forte en envisageant de se remarier si elle parvient à tourner cette page sombre de son histoire : «Je suis une fille qui a sa place dans cette société et qui ne veut pas prendre le mauvais chemin, car mon éducation m’incite à garder ma valeur. Toutefois, je serai dans les dispositions de refaire ma vie dans le bonheur», soutient-elle.
Pour se faire, elle lance un appel à toutes les associations ou structures chargées d’œuvrer pour le bien-être de la femme : « Je lance un appel à toutes les bonnes volontés pour m’aider à refaire ma vie car j’ai le droit d’être heureuse comme je l’ai toujours rêvé et vraiment j’ai besoin de soutien. Interrogé par nos soins pour avoir la position de l’Islam, l’imam de la grande mosquée de Dakar Plateau, imam Ma Awa Diop déclare : « L’islam n’a jamais admis les mariages forcées et selon le coran, le bon dieu a été clair en disant qu’il faut donner au mariage avec le consentement de la ou les personnes». Et pour le sociologue Ibrahima Mbengue, professeur à l’école supérieur du journalisme et des métiers de l’internet  et de la communication, «le mariage forcé peut entrainer des répercussions psychologiques car ça peut provoquer un stress permanent et souvent la dépression n’est pas à écarter».       
Pour toutes ces raisons, «je ne donnerai jamais ma fille en mariage à une personne qu’elle n’aime pas et souvent certains parents le font par obsession à l’argent et  ça fini mal très souvent», prévient Moustapha Diop ce père de famille, policier à la retraite.
Youssouf NDIONGUE SIWEUL

Ebola et Libre circulation : La réponse du droit communautaire de la Cedeao

La fermeture des frontières et les restrictions à la libre circulation des marchandises et des personnes consécutives à l’apparition de la maladie EBOLA en Afrique de l’Ouest ont suscité un intense débat. Pour une région aussi vulnérable que l’Afrique de l’Ouest, les restrictions sur la libre circulation des marchandises et des personnes engendrent des conséquences relativement graves sur les revenus des populations et la sécurité alimentaire dans les zones frontalières .


C’est pourquoi le Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement(Enda CACID) lance un appel à tous les Etats de la CEDEAO pour qu’ils fassent preuve de solidarité en apportant l’aide alimentaire, sanitaire et financière aux pays de l’Afrique de l’Ouest touchés. 

Enda CACID salue l’initiative des pays qui ont ouvert des corridors humanitaires pour faciliter le transit du personnel et du matériel sanitaire vers les zones touchées et appelle l’ensemble des pays à faire en sorte que les mesures restrictives soient proportionnelles, dans le temps comme dans la portée, à la réalité des menaces observées. Même si le Protocole du 1 mai 1979 sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement de la CEDEAO dispose, en son article 2, que « les citoyens de la Communauté ont le droit d’entrer, de résider et de s’établir sur le territoire des Etats membres”, chaque pays membre de la CEDEAO a aussi le pouvoir discrétionnaire de refuser l’entrée, la résidence et l’établissement d’un ressortissant d’un autre Etat membre lorsque celui-ci est assimilé à un immigré inadmissible. 

Le droit de la CEDEAO ne définit pas un immigrant inadmissible et ce dernier serait assimilé à un criminel, à un trafiquant de drogue ou d’armes, à un citoyen de la Communauté susceptible de porter atteinte à la santé publique ou à la moralité Publique. L’expulsion d’un citoyen pour raison de santé publique trouve également son fondement juridique au niveau de l’article 3 du Protocole additionnel A/SP du 1 juillet 1986 relatif à l’exécution de la deuxième étape (droit de résidence) du protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement. 

Aux termes de cet article, le droit de résidence souffre de limitations justifiées par des motifs d’ordre public, de sécurité publique et de santé publique. Enda CACID rappelle toutefois que l’esprit des textes de la CEDEAO est de garantir la libre circulation dans l’espace communautaire et exhorte les Etat à faire preuve de la plus grande solidarité et la plus grande compassion.
 Youssouf NDIONGUE Siweul

Ebola, une épidémie sans précédent depuis le sida ?

L'inquiétude face aux risques de propagation de l'épidémie d'Ebola grandit chaque jour un peu plus. "Cela va être un long combat", prévient le Dr Tom Frieden. Directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), la principale agence de santé publique aux Etats-Unis, ce médecin assure qu'à ses yeux, le virus du sida est "la seule chose comparable" au virus Ebola ces trente dernières années. Lire...